Il y a 30 ans, la chute du mur de Berlin et la dissolution de l’URSS, a complètement bouleversé l’ordre mondial avec la formation de la Fédération de Russie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Boris Yeltsin, comme premier président élu démocratiquement en 1991, a introduit des réformes axées sur le marché telles que la levée des barrières commerciales, l’abandon du contrôle des prix et le retrait des subventions publiques. Ce changement radical, tant sur le plan économique que politique, a conduit à une forte inflation et a fait basculer des millions de Russes dans la pauvreté. La crise économique ainsi que d’autres problèmes internes tels que la corruption ou le crime organisé a conduit à l’émergence au pouvoir de Vladimir Poutine en 1999, et à son élection à la présidence en 2000. Lors de son élection à la présidence, le chef d’état a exprimé son engagement envers l’Union Européenne dans l’établissement d’accords en matière d’énergie, de commerce, d’économie, de changement climatique, etc. Cependant, l’accession de Poutine au gouvernement russe n’a rien fait d’autre que d’aggraver les relations entre les deux puissances. Les intérêts divergents, les ambitions géopolitiques et le choc culturels ont provoqué de nombreux contentieux qui ont empêché la bonne intégration de la Fédération de Russie dans l’espace européen.
Depuis le milieu des années 2000, les désaccords avec la Russie s’accumulent l’un après l’autre concernant l’expansion de l’OTAN, l’admission de nouveaux pays dans l’UE, des litiges sur le gaz, des cyberattaques, sans oublier la crise ukrainien de 2014. Cela n’a pas seulement conduit à la suspension de nombreux accords entre l’UE et la Russie, mais a également conduit à son expulsion du G8 et à la déclaration de nombreuses sanctions dans le cadre des Accords de Minsk signés en 2014 et 2015 afin de mettre fin à la guerre du Donbass.
Depuis lors, les relations bilatérales entre l’UE et la Russie, comme l’a déclaré le Conseil des affaires étrangères de l’UE en mars 2016, sont fondées sur 5 principes directeurs : la mise en œuvre de l’accord de Minsk comme condition sine qua non pour tout changement substantiel de la position de l’UE à l’égard de la Russie, le renforcement des relations avec les partenaires orientaux de l’UE et les autres voisins, y compris l’Asie centrale voisine de l’UE, le renforcement de la capacité résiliente de l’UE (par exemple, la sécurité énergétique, les menaces hybrides ou la communication stratégique), un engagement sélectif avec la Russie sur des questions d’intérêt pour les deux parties des contacts interpersonnels et un soutien à la société civile russe. Toutefois, le fait que ces fondements aient été définis par l’UE ne signifie pas que ces préoccupations soient les mêmes que celles de la Russie. C’est ce que nous pouvons constater dans les politiques d’action extérieure publiées par la Fédération de Russie en novembre 2016, qui expriment les préoccupations centrales de la Russie à propos de l’évolution de la situation en Europe. Ceux-ci étant l’expansion géopolitique poursuivie par le Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’Union européenne comme une politique anti-Russe. Dans ces derniers également montre comme la Russie cherche de s’éloigner de la politique antérieure d’intégration dans la civilisation européenne, vers une coopération économique au sein de l’Atlantique : « un espace économique et humanitaire commun de l’Atlantique au Pacifique en coordonnant ainsi qu’en alignant les intérêts des processus d’intégration européens et eurasiens ». La Russie a clairement montré qu’elle n’a pas l’intention de devenir un membre de l’UE et construit une identité distincte de celle de l’Europe.
Compte tenu de l’histoire des relations entre la Russie et l’Ukraine, les lignes rouges concernant l’adhésion de cette dernière à l’OTAN auraient dû être examinées plus attentivement. Le poids de l’histoire, aggravé par des années d’expansion de l’UE/OTAN, a préparé le terrain pour une réponse russe puissante qui s’est illustrée ces derniers jours. Il semble trop tôt pour imaginer ce que sera l’avenir de l’Europe alors que son présent est mis en péril par l’offensive militaire en Ukraine. Néanmoins, ce dont nous pouvons être sûrs, c’est qu’une telle action militaire aura de profondes conséquences pour la stabilité et la sécurité de la région, ainsi que des changements considérables dans l’ordre mondial actuel.
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